Hamas y tapas

__0n dira ce qu’on veut de Donald Trump : qu’il est un dangereux psychopathe, que c’est un hurluberlu, qu’il ne faut surtout pas le laisser jouer avec les leviers du pouvoir – on ne peut lui dénier le sens des affaires. - J’en veux pour preuve les entreprises qui applaudissent à tout rompre au projet de transformer la bande de Gaza en nouvelle Riviera.__

0n dira ce qu’on veut de Donald Trump : qu’il est un dangereux psychopathe, que c’est un hurluberlu, qu’il ne faut surtout pas le laisser jouer avec les leviers du pouvoir – on ne peut lui dénier le sens des affaires. - J’en veux pour preuve les entreprises qui applaudissent à tout rompre au projet de transformer la bande de Gaza en nouvelle Riviera. La preuve : la Trump Golf Charity Foundation prévoit la création de trois terrains de golfs ultramodernes. « C’est tellement simple ! Comme il y a plein de tunnels, on n’a même pas besoin de creuser pour faire un dix-huit trous. » (Lu dans le journal Mariane) - Bon : on reste dans la blague, pas besoin de réagir à ça. Quoique… Un investisseur discret prévoit déjà le lancement d’une chaîne de restauration rapide nommée ¡ Hamas y tapas !  - Et alors ? Que des entrepreneurs profitent de l’actualité pour se faire de la publicité gratuite, ça n’est pas une nouveauté non plus. - « Re-quoique »  – Lisons plus loin : « Pionnière dans l’organisation de visites de Tchernobyl, une agence de tourisme événementiel se targue d’un carnet de réservations déjà bien rempli. Vous lisez bien : il s’agit de visite du site de Tchernobyl ; nul doute que Gaza sera encore plus porteur. La preuve dans la suite : « C’est fou ! On a proposé les séjours fin janvier et on est déjà complets pour 2026. Il y a une vraie demande de tourisme authentique, tout le monde a envie de visiter un hôpital détruit ou de faire un selfie avec un militant du Hamas. »  - Mais attention : Trump se trompe quand même un peu en promettant une reconstruction rapide : l’agence en question met aussi en garde contre une reconstruction trop rapide de Gaza : « Les gens ont soif de vrai. Personne ne veut visiter des sites aseptisés. Il faut préserver le caractère sincère des ruines. » En attendant la reconstruction, l'état actuel des ruines intéresse aussi beaucoup les vendeurs de souvenirs. « On vendra des morceaux de béton collectors, tous numérotés, exactement comme ceux du Mur de Berlin. » D’autres commercialisent des munitions désactivées. « Les drones ont beaucoup de succès. » Dans le même temps, les malheureux gazaouis seront heureux de se faire de l’argent en vendant leur maison réduite en ruine par petits morceaux ; ils pourront même se faire payer pour poser devant – encore plus cher s’ils sont mutilés. Au pays de l’oncle Sam, tout s’achète et tout se vend, même l’extrême misère. Les séjours chez l’habitant ont le vent en poupe. Écoutons encore un instant l’Agence de tourisme de Tchernobyl : « Beaucoup de familles ont tout perdu ici. À l’abri d’une tente de fortune, on peut partager leur quotidien pendant quelques jours. C’est une expérience humaine vraiment émouvante. Les gens sont prêts à payer très cher pour vivre de tels moments. »  - N’est-ce pas un peu cynique ? demande-t-on à l’Agence – Qui répond du tac-au-tac : « Pas du tout. Nous reversons 5 % de nos profits à une association qui prodigue des soins à des familles déplacées en Égypte. C’est un engagement qui nous tient à cœur. » Et voilà le bon vieux principe du débordement : ce n’est pas moral ? Mais qui êtes-vous pour juger ainsi ? Les vieux indiens chassés de leur terre par les conquérants européens n’ont-ils pas tiré quelques dollars en posant devant leur antique tipi ?

Jean-Pierre Hamel, philosophe (blog le point du jour

Ajouter un commentaire

Les commentaires peuvent être formatés en utilisant une syntaxe wiki simplifiée.

Ajouter un rétrolien

URL de rétrolien : https://www.cyberphilo.org/trackback/307

Haut de page