Les discours du Président Macron sont toujours intéressants à écouter : pas forcément pour leur contenu politique, mais principalement pour la rhétorique qu’ils mettent en jeu. Ainsi de celui d’hier qui avait une nervure centrale toute trouvée avec la réouverture de la cathédrale Notre-Dame, simultanée avec le chaos politique de l’Assemblée nationale qui menace de ruine toutes les petites gens que l’État est pourtant supposé protéger. Car aux bâtisseurs héroïque accomplissant l’impossible parce que nous sommes français s’opposent les démolisseurs égoïstes qui refusent de considérer la vie quotidienne des gens par simple ambition personnelle.
Bon – Reste qu’aucune rhétorique n’a jamais fait tourner le monde ni se lever le soleil le matin. Tous ces beaux parleurs n’ont de puissance que celle que nous leur accordons. Quand La Boétie affirmait que toute servitude est volontaire, il pointait déjà ce fait que jamais le despote n’a d’autres armes que celle que nous lui fourbissons et jamais d’autres bras pour les manier que les nôtres. On proteste en disant que si cela vaut en démocratie, en revanche les despotes se contentent d’avoir quelques hommes capables de pointer des canons et peu leur importe les poings levés contre leur tyrannie. Oui, mais avant d’en arriver là, et parfois malgré cela, l’arme du despote est la séduction. Il ne se contente pas d’endormir l’opinion : ce qu’il veut c’est être aimé de ses sujets, et que le peuple se mette à genoux devant lui pour recevoir sa bénédiction en même temps que son asservissement.
Machiavel disait que le Prince ne doit pas gouverner avec l’amour de ses sujets, jamais certain, mais avec leur crainte toujours sûre à obtenir. Ce qui est confirmé par Orwell dans 1984, son roman dystopique, où Watson, le résistant héroïque finit par aimer le tyran Big-Brother.
Être aimé : tel est le climax de la domination.