Depuis l’antiquité, l’exil reste un sujet de crainte et d’étonnement. Socrate, condamné à mort, préférait mourir à Athènes plutôt que de fuir et de vivre en proscrit. Les athéniens croyaient que les premiers grecs étaient sortis du sol de l’Acropole, engendrés par la nature comme l’olivier. L’exil est alors un déracinement, les exilés sont comme chassés du sol qui les a vus naître, de la patrie qui les a formés citoyens.
Aujourd'hui, migrer ou s'exiler semble faire fi de la nécessité de vivre et de rester dans son pays, lieu de racines et d'ancrages, en courant le risque d'être rejetés comme des pilleurs d’espace et d’identité, au nom d'une propriété du sol et des coutumes (quand ce n'est pas un droit du sang) que revendiquent ceux qui y sont nés. Propriété admise comme allant de soi – mais comment cela « va-t-il de soi ? »
Car il arrive aujourd’hui que des exilés volontaires partent loin de chez eux poursuivre un « rêve américain » : oubliant leur ancienne patrie pour en construire une nouvelle ? D'ailleurs et plus généralement, l'injonction contemporaine à la mobilité n'a-t-elle pas pour effet de couper les individus de ce qui les constitue : leurs racines, leur souche. Quel est donc le pouvoir de cet attachement au pays qu’il soit celui qu’on habite ou celui que l’on rêve d’habiter ? Mais, qu'est-ce qu'habiter ?
Vendredi 29 novembre Médiathèque Falala 18 heures Reims En partenariat avec "Festisol", le festival des solidarités et avec la participation de Philippe Cuisset, auteur de trois romans et d’un texte poétique. Bénévole dans des collectifs d’aide aux réfugiés.