Officialisée par les Nations Unies en 1977, la Journée Internationale pour les droits des femmes trouve son origine dans les luttes des ouvrières et suffragettes du début du XXe siècle pour de meilleures conditions de travail et le droit de vote partout dans le monde. Le 8 mars est l’occasion de faire un bilan sur leur situation quant à leur égalité avec les hommes. Le temps d'une journée. À noter qu'il ne s'agit pas d'une journée pour les femmes comme la journée mondiale pour les manchots, mais une journée, en soulignant bien, pour les DROITS des femmes. La nuance est de taille. Surtout lorsque l'on voit la notion de droits escamotée dans tous les discours et leurs supports médiatiques. Parler des femmes n'a pas le même sens que parler des droits des femmes. Quant aux droits des manchots... Les femmes travaillent toujours un mois et demi de plus que les hommes sans être payées, pour celles, bien sûr, qui ont un emploi. Sinon, elles ont toujours le travail à la maison, bénévole celui-là. Comme celles qui travaillent à l'extérieur d'ailleurs et qui cumulent les deux. Après, il faudra encore distinguer entre femme et femme. Dire les femmes comme les jeunes, les vieux, les blancs, les noirs ne veut pas dire grand-chose. Par exemple, si tu prends Fatoumata, africaine française, c'est une femme qui peut travailler pour une autre femme et faire le ménage, garder les enfants... Ainsi l'une se libère pour aller travailler à l'extérieur pour pouvoir entre autres payer Fatoumata à s'occuper de son intérieur. À bien y regarder, elles vivent les mêmes conditions à savoir être utilisées par quelqu'un. Cependant qu'elles se réjouissent. Elles ont récemment fait un pas de plus dans leur reconnaissance grâce à l'écriture inclusive. Inclusif signifie qui « contient en soi ». On dit par exemple que le pronom nous est inclusif quand il signifie moi et toi (ou vous) par opposition à moi et lui (ou eux). Une grammaire est dite inclusive lorsqu'elle dit nous et la politique du même nom qui favorise l'inclusion sociale. Une politique de ce type fera en sorte que les femmes soient payées pour le mois et demi qu'elles font bénévolement, mais cette politique de la pitié préfère pour le moment la grammaire inclusive, « enjeu majeur en ce XXIe siècle » comme dit la langue de bois. Le capitalisme du XIXe siècle après avoir embauché massivement les femmes s'est aperçu que cette pratique nuisait à la reproduction et à l'éducation de la force de travail, c'est-à-dire celle des enfants. Comme elles n'étaient plus à la maison, elles ne pouvaient plus s'occuper du bon élevage des enfants. Aussi pour les faire rentrer à la maison, le salaire des hommes fut augmenté en pensant par là qu'un seul salaire suffirait pour la famille. Ce fut loin d'être le cas. Une autre technique est de les payer moins pour les inciter à rester à la maison, mais aujourd'hui sans beaucoup d'effet. Elles préfèrent de loin le travail libérateur. Mais qui va s'occuper des enfants ? Les conduire à l'école ? Fatoumata. À condition qu'elle ne soit pas voilée. Mais Paris ne s'est pas fait en un jour, dit-on et par réalisme, il faut avancer doucement. À petit pas. Et l'écriture inclusive en est un. Un petit pas pour l'homme ou pour la femme plutôt, mais un grand pas pour l'humanité des femmes aurait dit Neil Armstrong sur la Lune, mais rien n'est moins sûr. Inclusif se dit d’un texte, d’un style de rédaction qui privilégie les formulations qui incluent, de manière implicite ou explicite, les deux genres, féminin et masculin. Il s'agit alors d'une écriture inclusive. Les auteurs (pardon -trices) suppriment toute trace d’identité sexuelle dans les textes pour mieux affirmer leur soutien à l’égalité homme/femme, mais pas l'égalité femme/femme. Ainsi, d'après Isabelle Grégor dans la revue Hérodote écrire « On appelle les électeurs aux urnes » revient à nier le droit de vote des femmes qui, bien sûr, n'ont pas compris que, elles aussi, font partie des électeurs. Elles ne sont pas des manchots. Et maintenant on inclut à tour de mots sinon de bras. Ainsi les hommes et les femmes sont belles parce que belles est plus proche de femmes que d'hommes. Si vous inversez, ce sont les hommes qui deviendront beaux. On ne dira plus les droits de l'Homme, mais les droits des êtres humains ou pourquoi pas ? Des êtres humaines. Quant aux accords, on peut avoir : la candidat·e / les candidat·e·s - les chef·fe·s - les artisan·e·s - les ambassadeur·rice·s – etc. On écrira toutstes (tous plus toutes) et celleux (ceux plus celles) et iels (ils plus elles). Et gare ! Une quelconque étourderie mettra en danger les droits humains ! Dans un manuel de CM2, les enfants sont invités à compter le nombre de femmes dans un groupe. Si elles sont majoritaires, ils accorderont leur écriture au féminin alors qu'il suffisait autrefois de la présence d'un seul homme pour faire basculer tout le groupe essentiellement féminin dans l'horreur masculine. Concernant la langue écrite, voilà donc une avancée considérable comme la langue en général en a toujours connue. Une avancée pour la femme, on hésite encore. Certes il faudra une agilité d'esprit et une maîtrise suffisante de la grammaire et de l'orthographe pour affronter cet obstacle supplémentaire à la lecture et l'écriture. De quoi étoffer un peu plus le groupe des laissés pour compte à l'école et dans la société. Pour la femme Fatoumata, écriture inclusive ou pas, ça ne change rien, elle ne sait ni lire ni écrire. Elle est invisible comme ses frères de couleur, qui vident les poubelles un peu partout et ailleurs, et trouent la route au marteau-piqueur. Ainsi va le monde !
Didier Martz, 8 mars 2021 Philosophe, auteur
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