Comment consentir à la guerre ? Dans son livre « Principes élémentaires de propagande de guerre », Anne Morelli, sans chercher à savoir qui a tort ou raison, énonce les principes régulièrement utilisés pour que nous consentions à la guerre. 1 La guerre n’est jamais désirée. Les hommes d'État de tous les pays, avant de déclarer la guerre, assurent toujours solennellement qu'ils ne voulaient pas la guerre . On peut alors se demander pourquoi des guerres éclatent tout de même ? 2 Le camp adverse est le seul responsable de la guerre. Chaque camp assure ainsi avoir été contraint de déclarer la guerre pour empêcher l’autre de détruire nos valeurs, mettre en péril nos libertés. Ainsi, les États-Unis ont été « contraints » de faire la guerre contre l’Irak qui ne leur a pas laissé le choix. Daladier assure le 3 septembre 1939 que devant son refus d'entendre la voix qui s’est élevée en faveur de la paix du monde, l'Allemagne nous impose la guerre. 3 Le chef du camp adverse a le visage du diable. On ne peut haïr un groupe humain dans son ensemble, même présenté comme ennemi. Il est donc plus efficace de concentrer cette haine de l’ennemi sur un personnage. L’ennemi aura ainsi un visage et ce visage sera bien évidemment odieux. C'est un fou ou un monstre (Milosevic, Ben Laden, Saddam Hussein, Khadafi...) qui nous défie et dont il convient de débarrasser l'humanité. Le pays est donc réduit à un seul homme. Seul demeure le fou avec sa « redoutable » garde rapprochée. 4 Défendre une cause noble et non des intérêts particuliers. Les buts économiques et géopolitiques de la guerre doivent être masqués sous un idéal, des valeurs moralement justes et légitimes. Ainsi George Bush père de déclarer « Le combat ne concerne pas le pétrole, le combat concerne une agression brutale » 5 De cette guerre dépend la liberté, la vie, l'honneur des populations. Les buts de la Première Guerre mondiale par exemple se résument en trois points : « - écraser le militarisme - défendre les petites nations - préparer le monde à la démocratie ». Ces objectifs, très honorables, sont depuis recopiés quasi textuellement à la veille de chaque conflit, 6 L’ennemi représente la barbarie. Il provoque sciemment des atrocités, et si nous commettons des bavures c'est involontairement. Notre armée est aimée de la population, c’est une armée « humanitaire » qui s'autorise l'ingérence sans avoir à déclarer officiellement la guerre. 7 L'ennemi utilise des armes non autorisées alors que nous, nous faisons la guerre de manière chevaleresque, en respectant – comme s’il s’agissait d’un jeu – les règles. 8 Nous subissons très peu de pertes, les pertes de l'ennemi sont énormes afin d'avoir l'air toujours victorieux. L'Afghanistan est exemplaire de ce point de vue. 9 Le soutien des artistes et intellectuels. Ainsi, lors de la Première Guerre mondiale, on a le manifeste des cent (André Gide, Claude Monet, Claude Debussy, Paul Claudel). Aujourd'hui nous avons entre autres le philosophe Bernard Henry Lévy. 10 La cause a un caractère sacré. Ainsi la guerre en Irak s’est manifestée comme une croisade contre « l’Axe du Mal » une lutte du « bien » contre le « mal ».
Toute personne mettant en doute un seul des principes énoncés ci-dessus est forcément un collaborateur de l’ennemi. « Ah Barbara quelle connerie la guerre ! » (Jacques Prévert)
Ainsi va le monde....
Didier Martz